Les frères misère

Quand vient l'hiver ils se couvrent eux aussi d'un blanc
manteau de neige et se laissent endormir par les vents qui
glaçent leurs corps meurtris...
et leur sang... et leur mémoire sèche...
devenue sèche... aussi sèche que...
Leurs mains sales et tendues
Au bon vouloir des sans-conscience
Qui font mine de n'avoir rien vu
Parcequ'en bas, ça sent jamais la chance
Berçés par les hurlements des métros
Qui vomissent des foules indifférentes
Ils comptent pour eux autant que les mégots
Jonchant le sol de la station Tourmente
Ils ont un peu tous les âges
Les frères Misère
Sur leur bras, le même tattouage
La rue est mon frère
On les connaît les hommes de carton
A la faim ils font partie du décor
Mais pas une âme n'y prête attention
Ils sont si transparents, presque morts
Mais ou il y a de la gêne, y'a pas de plaisir
Alors ne regardons rien en face
Le stratagème peut marcher, au pire...
On fera en sorte que rien n'se passe
Ils ont un peu tous les âges
Les frères Misère
Sur leur bras, le même tattouage
La rue est mon frère
Laissons passer les sans-passés
De l'autre côté ou tout le monde vit pareil
Et regardons passer les empressés
De leur côté ou tout est merveille il paraît!
Mais que ce soit les uns ou bien les autres
Il se peut qu'aucun n'ait de chance
Car les uns ont tout, les autres n'ont rien
Et on ose parler de juste balance...
Ils ont un peu tous les âges
Les frères Misère
Sur leur bras, le même tattouage
La rue est mon frère
J'aime les hauts, les bas
Le blanc ou bien le noir
La vie belle ou le trépas
La fin ou bien l'espoir
En tout cas quand je les croisent, ils
Je les écoute et leur parle bas
Ce sont les seuls quand je les vois, ils
Qui me disent "salut, comment tu vas?"
Ils ont un peu tous les âges
Les frères Misère
Sur leur bras, le même tattouage
La rue est mon frère Ils ont un peu tous les âges
Les frères Misère
Sur leur bras, le même tattouage
La rue est mon frère



Credits
Writer(s): Café Bertrand, Gilles Vesin, Walther Gallay
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