La ballade du pauvre

J'suis là chaque matin
Comme ça sur le chemin
À regarder le jour qui va et qui vient
Tendre la main

Je vis sous un pont
Probable que j'aime pas les maisons
Ma vie, je l'ai quittée
C'était il y a longtemps
Peut-être un été

Ô mon vieux, je suis noir
Du soir au matin
Plein comme une malle-cabine
Raide comme un passe-lacet
Je connais même plus mon nom

Je n'restarai pas trop tard
J'aime mieux aller ailleurs
Où ce serait pas pire, peut-être même meilleur
On peut toujours rêver

Non, non, non, non
Bien content de partir
Non, non, non, non, non, non
J'espère ne pas revenir

Ils m'ont trouvé un matin
Raide comme un parchemin
Avec dans les poches
Deux, trois souvenirs, rien d'autre qu'une broche

M'ont mené en camion
Dans un genre de maison
Où ils m'ont disséqué, mon vieux
Tu pouvais pas tenir guère plus longtemps
Qu'ils disaient, qu'ils disaient, qu'ils disaient
C'est pas brillant

Non, non, non, non, non, non
Bien content de partir
Non, non, non, non
J'espère ne pas revenir
Non, non, non, non, non, non
Bien content de partir
Non, non, non, non, non

J'suis là chaque matin
Comme ça sur le chemin
À regarder la vie qui va et qui vient
Qui colle à la peau

Je m'en vais ce soir
Je finirais bien quelque part
Loin des lits en papier, de mes pieds blessés
De leurs cheminées noires
Du vent du soir

Non, non, non, non, non, non
Bien content de partir
Non, non, non, non
J'espère ne pas revenir
Non, non, non, non, non, non
Non, non, non, non, non