Les Lettres De L'Autoroute - Live

Aujourd'hui, le kilomètre 500 a été fini
Ca fait maintenant six mois que je suis parti
J'espère que la petite va mieux, le collège ça devient sérieux
Et que toi chérie tu t'ennuies pas trop
J'aurai sans doute un congé en juin, ils en donnent à tous les chauffeurs d'engins
J't'envoie un chèque bientot, pour les impots, moi ça va très bien, il fait beau
Il reste trois cent kilomètre d'autoroute à construire

En fait, si elle savait la boue, la merde, le froid
Les baraquements pourris, la nuit qui n'en finit pas
Pour la tune il fallait partir à l'autoroute, pendant lontemps j'ai eu un doute
Mais, elle ne trouvait pas d'emploi, et les frais tous les mois...
Je sais déjà que je n'rentrerai pas, de toutes façon, elle le verra
Plutot, elle ne me verra plus et elle sera deçue
Après onze ans de mariage, une fuite en guise de message

Elle recevra cette lettre qui raconte que d'chi
De toutes façons elle sait qu'on s'est rien dit
Elle la lira heureuse m'imaginant géant sur mon Caterpillar
Les bornes se déroulant, vers le soleil des autres, des autres gens

Avant de t'embrasser dans le cou comme tu aimes
J'te d'mande par retour des cigares comme j'aime
Dis bonjour au petit, que papa pense a lui
Et à ta mère que j'ai freiné d'alcool
Toi, attention à ton dos prends la voiture si tu cherches un boulot
J'ai bien reçu ta lettre et le petit paquet, la photo des enfants est sur la table de chevet
Il reste trois kilomètre d'autoroute a construire

Ce soir encore ça va finir au bar du haut
Avec de la bière et du mauvais porto
Pour dormir sans rêver, abruti sous les draps, parler pour ne rien dire et surtout pas d'la-bas
Les putes viennent d'elles mêmes autour des baraquements, elles sentent l'eau d'cologne et le client d'avant
Elles ne posent pas de questions et çà n'a pas de prix
Je les laisse me toucher, les yeux collés au mur
Je regarde les cafards, hébété, au tréfond du coltart

Elle recevra cette lettre qui raconte que d'chi
De toutes façons elle sait qu'on s'est rien dit
Elle la lira heureuse m'imaginant géant sur mon Caterpillar
Les bornes se déroulant, vers le soleil des autres, des autres gens

Post-Scriptum: n'oublie pas dans le courant du mois
De rembourser Roger depuis l'temps qu'on lui doit
Et je t'embrasse encore ou tu veux sur ton corps
Salut à toi ma femme, je reviendrai bientôt
Et je referme cette lettre remplie de mes caresses, crois-moi je pense à toi sans cesse

Et puis il y a Anna qui faie le ravito
Elle a un gros nez, mais tout le reste est beau
Elles est gentille, et m'écoute et me parle comme si elle comprenait
Que je suis à fond d'cale
On pense au grand soleil, vieillissant dans le miel
Mais ce n'est qu'une étape de la fuite en avant, tu n'existes plus, toi et les enfants
Mais elle aussi bien sûr s'ra répudiée un jour
Et, moi je partirai, la peur, la peur sous le béret

Elle recevra cette lettre qui raconte que d'chi
De toutes façons elle sait qu'on s'est rien dit
Elle la lira heureuse m'imaginant géant sur mon Caterpillar
Les bornes se déroulant, vers le soleil des autres, des autres gens



Credits
Writer(s): Francois Hadji Lazaro
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