Pavillon noir

Quand mon corps n'pourra plus naviguer,
Rongé par le sel des alizés.
J'voudrais pas m'terrer comme un rat,
Et crever sous les draps,
D'une taule pour vieux cap-hornier.

J'préfèrerais qu'ça s'termine au comptoir,
Avec un trop plein d'rhum dans l'cigare.
Et puis m'écrouler sur les chopes,
En traitant de salope,
La mort qui était au rencart.

Pavillon noir, vivement qu'on s'barre.
Si un jour la mer nous jette alors dis,
Qu'est-ce qu'on f'ra de nous?

Chaque fois qu'j'suis à terre, j'me casse la tête.
Ca d'vient plus une habitude qu'une fête.
Les bordels j'les connais par coeur,
Même s'ils réchauffent le coeur,
Ta tranche d'amour tu l'achètes.

J'vois pas pourquoi j'ai l'blues qui sommeille.
J'ai une p'tite sur les genoux, une bouteille.
Un black qui chante OLD MAN RIVER,
En rêvant d'être ailleurs,
Et v'là qu'pour moi c'est pareil.

Pavillon noir, vivement qu'on s'barre.
Si un jour la mer nous jette alors dis,
Qu'est-ce qu'on f'ra de nous?

Pavillon noir, bon dieu d'histoire.
Plus j'la hais, plus j'la déteste, plus je l'aime,
Plus je l'aime plus que tout.

Demain quand j'retournerai à bord,
Que je verrai s'éloigner ce port.
Je n'penserai sûrement à rien non,
Si j'me sens un peu con,
Ca passera en mer du Nord.

Dans ma piaule sous le crucifix, ému.
Ma pomme, mes souvenirs, mes bouquins d'cul.
Et puis j'écrirai à ma mère,
Que j'serai là cet hiver,
Noël ensemble comme prévu.

Pavillon noir, vivement qu'on s'barre.
Si un jour la mer nous jette alors dis,
Qu'est-ce qu'on f'ra de nous?

Pavillon noir, bon dieu d'histoire.
Plus j'la hais, plus j'la déteste, plus je l'aime,
Plus je l'aime plus que tout.

Y'a pas c'est c'bar là qui m'fout les boules.
Y'a trop d'bruit, trop d'fumée, trop d'viande saoule.
J'refile ma boutanche au pianiste,
Pour qu'il emmanche un twist,
Et j'm'arrache avec la poule.

Sa turne c'est pas l'palais d'l'Elysée,
Y'a même rien qu'un pieu fait pour tringler.
Je raque et j'm'endors tout de suite,
Pas vraiment la grande frite,
Quelqu'part j'ai d'jà embarqué.

Pavillon noir, vivement qu'on s'barre.
Si un jour la mer nous jette alors dis,
Qu'est-ce qu'on f'ra de nous?

Pavillon noir, bon dieu d'histoire.
Plus j'la hais, plus j'la déteste, plus je l'aime,
Plus je l'aime plus que tout.
Plus j'la hais, plus j'la déteste, plus je l'aime,
Plus je l'aime plus que tout.



Credits
Writer(s): Gary Wicknam
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