Les crayons

Elle n'avait pas de parents
Puisqu'elle était orpheline
Comme elle n'avait pas d'argent
Ce n'était pas une richissime
Elle eut c'pendant des parents
Mais ils ne l'avaient pas reconnue
Si bien que la pauvre enfant
On la surnomma l'inconnue

Elle vendait des cartes postales
Puis aussi des crayons
Car sa destinée fatale
C'était d'vendre des crayons
Elle disait aux gens d'la rue
"Voulez-vous des crayons?"
Mais reconnaissant l'inconnue
Ils disaient toujours "non"
C'est ce qu'est triste

C'est triste quand même de n'pas reconnaître son enfant
Il faut pas être physionomiste
Il m'semble que si j'avais un enfant, moi je le reconnaîtrais
À condition qu'il me ressemble naturellement

C'était rue d'Ménilmontant
Qu'elle étalait son petit panier
Pour attirer les clients
Elle remuait un peu son panier
Mais un jour, un vagabond
Qui passait auprès d'son panier
Lui a pris tous ses crayons
Alors, elle s'est mise à crier

"Voulez-vous des cartes postales?
Je n'ai plus de crayons"
Mais les gens, chose banale
N'voulaient plus qu'des crayons
Quand elle disait dans la rue
Qu'elle avait des crayons?
Ils disaient à l'inconnue
"Tes crayons sont pas bons"
C'est ce qu'est triste

C'est triste quand même, elle avait plus d'crayons
Forcément, elle s'baladait avec son panier à découvert, n'est-ce pas?
Alors l'vagabond, lui, bon, allez, bon, allez, hop
Il lui a pris tous ses crayons, comme ça elle n'en avait plus
C'est vrai qu'elle n'en avait pas besoin puisqu'elle n'en vendait jamais
Mais quand même

Un marchand d'crayons en gros
Lui dit "viens chez moi, mon enfant
Je t'en ferai voir des beaux
Je n'te demanderai pas d'argent"
Ce fut un drôle de marché
Car c'était un drôle de marchand
Et elle l'a senti passer
Car elle en a eu un enfant

C'est triste ça quand même d'abuser d'une inconnue comme ça
C'est vrai qu'elle a été faible aussi
C'est pas parce qu'il disait qu'il avait un...
Qu'il était marchand de crayon en gros, que...
Enfin, elle avait un enfant, voilà elle avait bonne mine
Si seulement elle avait eu une mine de crayon
Mais non, mais c'est ce qui la minait
Alors quand elle a vu ça, elle a abandonné son enfant
Et qu'est-ce qu'elle a fait plus tard, cette enfant?

Elle vendait des cartes postales
Puis aussi des crayons
Car sa destinée fatale
C'était d'vendre des crayons
Elle disait aux gens d'la rue
"Voulez-vous des crayons?"
Mais reconnaissant l'inconnue
Ils disaient toujours "non"
C'est ce qu'est triste



Credits
Writer(s): Charles Cachant, Henri Himmel, Andre Raimbourg, Robert Couve, Etienne Lorin
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