Polichinelle

Dans son lit blanc, tout grelottant de fièvre
L'enfant se meurt et la pauvre maman
Guette déjà le soupir de sa lèvre
Et sur son front pose un baiser brûlant
L'enfant s'éveille à cette douce étreinte
Les yeux grandis cernés par la douleur
Et dit alors d'une voix presque éteinte
À sa maman qui lui cache ses pleurs:

Je veux mon Polichinelle, mon joujou, mon joli pantin
C'est lui qui chasse mon chagrin
Il est si drôle et si malin
Je veux tirer la ficelle
Qui le fait danser dans mes mains
Maman, maman
Tu le sais bien
Je veux mon Polichinelle

Dans son délire, il n'a plus connaissance
Des heureux jours où, parfois turbulent
Il brisa le jouet qu'en sa démence
Sans réfléchir, il veut éperdument
On vend très cher un joujou de la sorte
Pour le guérir, elle n'a plus le sou
Vient le docteur, mais au seuil de la porte
Il n'ose entrer, entendant tout à coup:

Je veux mon Polichinelle, mon joujou, mon joli pantin
C'est lui qui chasse mon chagrin
Il est si drôle et si malin
Je veux tirer la ficelle
Qui le fait danser dans mes mains
Maman, maman
Tu le sais bien
Je veux mon Polichinelle

Le bon docteur a compris la misère
À cet appel, son cœur s'est éveillé:
C'est un caprice, il peut le satisfaire
Peut-être, ainsi, l'enfant sera sauvé
Dans un bazar, il se rend, il achète
Le beau joujou que voulait le petit
Puis il revient, très fier de son emplette
Et, le donnant à la mère, il lui dit:

Voilà son Polichinelle
Son joujou, son joli pantin
Allons! n'ayez pas de chagrin
L'enfant sera guéri demain
Ailleurs, le devoir m'appelle
Mais je pars heureux puisqu'enfin
Pour moi, la vie d'un chérubin
Vaut mieux qu'un Polichinelle



Credits
Writer(s): Jacques Plante, Charles Gaston Dumont
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