Persephone - Melodrame en Trois Tableaux: I. Perséphone Ravie

Déesse auf mille noms,
puissance Déméter
Qui couvres de moissons la terre
Toi dispensatrice du blé
Célébrons ici tes mystères
C'est aux Nymphes que tu confies Perséphone, ta fille chérie,
Qui fait le printemps sur la terre
Et se plaît aux fleurs des prairies.
Comment elle te fut ravie
C'est ce que nous raconte Homère.

Reste avec nous, princesse Perséphone.
Reste avec nous, ta mère Déméter,
Reine du bel été
T'a confié à nous parmi
les oiseaux et les fleurs,
Les baisers des ruisseaux,
les caresses de l'air.
Vois le soleil qui rit sur l'onde.
Reste avec nous, princesse Perséphone.
Reste avec nous dans la félicité.
C'est le premier matin du monde.
La brise vagabonde a caressé les fleurs.
Viens, joue avec nous, Perséphone...
La brise a caressé les fleurs,
C'est le premier matin du monde.
Tout est joyeux comme nos cœurs,
Tout rit sur la terre et sur l'onde.
Viens! Joue avec nous, Perséphone.
La brise a caressé les fleurs.
Je t'écoute de tout mon cœur, chant du premier matin du monde.
Ivresse matinale, rayon naissant, Pétales, ruisselants de liqueur.
Cède sans plus attendre au conseil le plus tendre,
Et laisse l'avenir doucement t'envahir.

Cède sans plus attendre au conseil le plus tendre,
Et laisse l'avenir doucement t'envahir.
Ivresse matinale, rayon naissant, Pétales, ruisselants de liqueur.
Cède sans plus attendre au conseil le plus tendre,
Et laisse l'avenir doucement t'envahir.
Voici que se fait si furtive la tiède caresse du jour
Que l'âme la plus craintive s'abandonneraient à l'amour.
Jacinthe, anemone, safran,
Adonide, goutte de sang,
Lys, iris, Verveine, ancolie,
Et toutes les fleurs du printemps...
De toutes les fleurs du printemps,
La narcisse est la plus jolie.
Celui qui se penche sur son calice,
Celui qui respire son odeur,
Voit le monde inconnu des Enfers.
Tiens-toi sur tes gardes. Défends-toi toujours
De suivre, hagarde, ce que tu regardes
Avec trop d'amour.
Ne t'approche pas du narcisse.
Non, ne cueille pas cette fleur!
Celui qui se penche sur son calice,
Celui qui respire son odeur,
Voit le monde inconnu des Enfers.

Je vois sur des prés semés d'asphodèles des ombres errer lentement.
Elles vont, plaintives et fidèles.
Je vois errer tout un peuple sans espérance triste, inquiet, décoloré.
Ne cueille pas cette fleur, Perséphone.
Défends-toi toujours de suivre, hagarde,
ce que tu regardes avec trop d'amour.
Viens, joue avec nous, Perséphone.
Perséphone, un peuple t'attend
Tout un pauvre peuple dolent
Qui ne connaît pas l'espérance,
À qui ne rit aucun printemps.
Perséphone, un peuple t'attend.
Déjà ta pitié te fiance
À Pluton, le roi des Enfers.
Tu descendras vers lui
pour consoler les ombres
Ta jeunesse fera leur détresse moins sombre
Ton printemps charmera leur éternel hiver
Viens!
Tu régneras sur les ombres.

Nymphes, mes sœurs, mes compagnes charmantes,
Comment pourrais‐je avec vous, désormais,
Rire et chanter, insouciante,
À présent que j'ai vu, à présent que je sais
Qu'un peuple insatisfait souffre et vit dans l'attente?



Credits
Writer(s): Igor Stravinsky, Andre Paul Guillaume Gide
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