A défaut qu'on se mêle

J'irai pendre mes chagrins
Mes humeurs au fil des jours
Branché soir au matin
J'sais tout c'qui s'passe aux alentours

Jamais déconnecté
Dans mes connaissances
Y a des bons pis des cons d'naissance
Des compagnons du passé
Des comparses désuets

J'révèle mon quotidien
Tout autant que ceux qui m'entourent
J'amène de l'eau à leur moulin
J'irrigue les eaux de beaux discours

Plus qu'jamais connecté
Dans ma dépendance
Aux dépens de la bienséance
Je délie les mots croisés
J'vous mêle à ma vie privée

À défaut qu'on se mêle
J'n'ai personne à qui parler
À défaut qu'on se mêle
J'suis tout seul à m'en mêler

Je donne ma langue au chat
Perché au plus haut de ma tour
Je n'ai pas vue sur toi
Et ma fenêtre donne sur la cour

Relié à l'excès
Et sans suffisance
Je subis mon accoutumance
Reclus dans 20 mètres carrés
À l'écart, accaparé

Je prends de la distance
Avec la ville et ses faubourgs
Faut pourtant que j'me lance
Avant d'louper l'issue d'secours

Mmm, mmm

Pour une fois raccrocher
Tu es ma révérence
Révéler enfin mon apparence
Et ma personnalité
Jouir d'une vie privée

À défaut qu'on se mêle
J'n'ai personne à qui parler
À défaut qu'on se mêle
J'suis tout seul à m'en mêler

Ma boîte vocale reste coite
Mon répertoire n'est pas bien lourd
J'ignore le son d'ma propre voix
Je s'rai muet avant d'être sourd

Qu'importe d'être connecté
Tout n'est que silence
Et ce, malgré mon omniprésence
On ne remarque pas mon absence
On m'demande pas où je vais

Beau paradoxe de l'existence
Je m'éloigne enfin de l'affluence
Des mots denses à qui parler
Rien de ces styles compassés

À défaut qu'on se mêle
J'n'ai personne à qui parler
À défaut qu'on se mêle
J'suis tout seul à m'en mêler