Ils ne savent pas

Ils ne savent pas
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a supporté, non
Ils ne savent pas
Comment pourraient-ils nous diriger
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a sacrifié, non
Ils ne savent pas
Mais ils se permettent de nous juger
(Ils ne savent pas) On s'prend pas la tête, on nous la prend déjà
On nous sonde, on nous analyse comme des rats de laboratoire
Ils pensent avoir compris, mais ils vivent bien trop haut
Comme si l'oiseau pouvait sortir comme un poisson dans l'eau
Élevé aux repas fait de restes, aux sandwichs pain banane,
A peine le 15 du mois, déjà l'frigo en stress
Parfois en vacances, souvent pas de thunes
Parfois on travaille, mais souvent y en a plus
Bien sûr on fait la fête, on danse même à Noël
On rate jamais l'occas' d'se rappeler que la vie est belle
Et pourtant, on voit nos mères suer pour un caddie plein
S'user les reins chaque jour pour le gite et le pain
Tellement de chutes et de faux départs, levé tôt, couché tard
Un taf dur à gérer, l'huissier toujours aux abois.
Au bout du compte, y en a qui sourient et d'autres se noient
C'est c'qui arrive quand on encaisse plus qu'on peut recevoir
Et malgré tout, on rit, beaucoup plus qu'on n'le dit
On apprécie chaque seconde, celles-ci sont sans prix
Qu'ils s'occupent donc de c'que l'on vit au lieu de qui on prie
A ce moment-là, on cessera de dire, ouais
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a supporté, non
Ils ne savent pas
Comment pourraient-ils nous diriger?
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a sacrifié, non
Ils ne savent pas
Mais ils se permettent de nous juger
(Ils ne savent pas) Combien d'années à vivre côte à côte
On court dans le hall, on s'croise sans s'dire bonjour
À pointer nos défauts réciproques, tout ça masque le bon,
On regrette une époque et on vomit sur le monde
Non Madame, je n'ai pas d'lame prête à taillader
Dans mes poches, je ne fais que balader
Arpenter les trottoirs de nos villes, contons nos péripéties
Ils n'ont jamais su la portée de nos p'tits récits
Le grand public c'est nous, ils n'l'ont pas vu venir
La rue crée, plus sexy, la rue tire
Labélisés musique urbaine, marqués comme des bestiaux enfermés dans un enclos
Non, ils ne savent pas que leur musique est rincée,
Leur réveil sera dur, on se devait d'le pincer
On a passé 15 ans à se faire insulter sur France 2,
France 3 contait l'histoire d'une France déchirée en deux
J'ai pris la route sur France 5, le monde est si beau
Le hip-hop est en haut, il est diffusé à minuit et demi sur France Ô
L'ignorance, peut-être, ou simple goût de merde, qui sait?
Mais c'est bien la musique des français d'outre-mer
A genoux pour une subvention,
Quand pour le classique ils font des lieux à cent bâtons
On porte l'étendard de cette culture d'analphabètes
Qui tôt ou tard, les dégagera tous de l'alpha-jet
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a supporté, non
Ils ne savent pas
Comment pourraient-ils nous diriger?
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a sacrifié, non
Ils ne savent pas
Mais ils se permettent de nous juger
Ils ne savent pas, ils ne savent pas
Ils ne savent pas, ne nous connaissent pas
Ils ne savent pas
Tout c'qu'on a dû faire et c'qu'on a sacrifié, non
Ils ne savent pas, non, non, non
Comment pourraient-ils nous diriger?