Chanson perpétuelle, Op. 37

Bois frissonnants, ciel étoilé
Mon bien-aimé s'en est allé
Emportant mon cœur désolé
Vents, que vos plaintives rumeurs
Que vos chants, rossignols charmeurs
Aillent lui dire que je meurs
Le premier soir qu'il vint ici
Mon âme fut à sa merci
De fierté je n'eus plus souci
Mes regards étaient pleins d'aveux
Il me prit dans ses bras nerveux
Et me baisa près des cheveux
J'en eus un grand frémissement
Et puis je ne sais plus comment
Il est devenu mon amant
Je lui disais "tu m'aimeras"
Aussi longtemps que tu pourras
Je ne dormais bien qu'en ses bras
Mais lui, sentant son cœur éteint
S'en est allé l'autre matin
Sans moi, dans un pays lointain
Puisque je n'ai plus mon ami
Je mourrai dans l'étang
Parmi les fleurs sous le flot endormi
Sur le bord arrivée, au vent
Je dirai son nom, en rêvant
Que là je l'attendis souvent
Et comme en un linceul doré
Dans mes cheveux défaits
Au gré du vent je m'abandonnerai
Les bonheurs passés verseront
Leur douces lueurs sur mon front
Et les joncs verts m'enlaceront
Et mon sein croira, frémissant
Sous l'enlacement caressant
Subir l'étreinte de l'absent



Credits
Writer(s): Ernest Chausson
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