M le juge

Bonjour Monsieur le juge
Je voulais vous parler de mon gosse
Trois, quatre années ont passés depuis le jugement
Je voulais pas compter c'est plus fort que moi
Monsieur

Je sais pas si vous vous souvenez de nous mais
Voila ça fait 4 ans qu'il est parti mon gosse
À l'autre bout du monde avec sa mère
Que ses anniversaires il les fête loin de son père
J'ai sombré je vous le cache pas
J'ai même pensé à me venger
Je me suis bien ramassé
J'ai mis du temps et je sais pas si j'y suis vraiment arrivé

Monsieur le juge
Voila j'ai pris du recul,
J'ai fait du chemin, j'ai défait les nœuds dans mon ventre
Je vois mon enfant deux fois par an
On profite de chaque instant que vous avez bien voulu me laisser
Ces deux fois par année où comme si de rien je redeviens son padré
J'ai essayé de comprendre
De faire confiance et d'apprendre
Mais ça vient pas, je comprend pas
Mon fils a pris 10 cm depuis la dernière fois

Monsieur le juge
J'étais là quand il est né quand la première dent a poussé
Quand il s'est mis à marcher, à chacune de ses rentrées,
De chaque jours, de chaque larmes, de chaque chagrin
De chaque ciné, de chaque matin
Oui c'est vrai que j'ai cessé d'aimer sa mère
J'ai peut être fait une ou deux choses à l'envers
Mais pas plus, monsieur le juge
Moi j'ai toujours été un bon père

Dites moi monsieur le juge
Où est ce que mon rôle je l'ai manqué
Pour qu'il puisse être concevable
Que mon fils déménage à 1000 lieux de moi
Je me sens comme un père maltraitant
Comme un de ces fous qui font du mal aux enfants
Pour quoi je passe moi, quand on me demande
Alors il est ou ton grand?

Monsieur le juge
C'est vrai que j'ai refais ma vie
Que j'ai plus du tout envie de mourir
Que j'aime comme un fou
Mon amour d'épouse
Et puis vous savez elle a donné un petit frère à mon aîné
On habite à la campagne
On se tape des bonnes rigolades
J'ai construit une famille
Mon dernier comble ma vie
Mais ne comblera jamais l'absence de mon premier garçon

Monsieur le juge
Qui va lui apprendre à se raser, qui sera là pour son premier baisé
Pour parler de son corps quand il deviendra un homme
Suis comme amputé de douze ans
Douze ans de mes gènes que je suis censé élever
Élever autant que sa mère,
une fois sur deux, c'est comme ça que ça devrait être monsieur
Moi j'ai rien fait de mal,
j'ai sagement regardé mon fils monter l'avion
J'essaie de rester son père je devine son quotidien au bord de la mer
Et j'avale, j'avale l'injustice, j'avale le souvenir
J'avale la distance, j'avale les barrières qui grandissent entre nous
J'avale quand se passe de long jours sans nouvelles
J'avale d'avoir été considéré comme moins important que sa mère
J'avale la colère, j'avale le manque, j'avale les années,

J'avale le tout petit dossier que nous sommes pour vous
J'avale
J'avale

Voila monsieur le juge
Je voulais vous parler de mon gosse
Trois, quatre année ont passé depuis le jugement
Je voulais pas compter mais...



Credits
Writer(s): Marion Roch
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