À poil

L'aut' jour à la banque en retirant un peu d'osier
J'radiographiais une petite biche qui avait des cheveux jusqu'aux miches
Y avait derrière nous, deux vieilles autruches en tablier
Qui bavaient sur les hippies et la jeunesse d'aujourd'hui
"On devrait leur couper les tifs, les passer à tabac"
Enrageaient-elles tout bas, en tortillant leur cabas
C'est à c'moment-là que les gangsters sont arrivés
Et le tire-jus sur le pif d'un air vachard, ils ont gueulé

"À poil, tout l'monde à poil"
"Les petits, les grands, les bons, les méchants"
On a largué nos caleçons, nos fanfreluches en nylon
Nos frocs en accordéon, nos sandwiches au saucisson
Nos pistolets à bouchon et nos complexes bidon
Comme une bagnole qui perd ses boulons

Depuis qu'j'ai maté le directeur d'ma banque à poil
Je comprends avec tristesse que mon argent l'intéresse
Les autruches qui dégrafaient leurs redresseurs de torts
Et qui aimaient pas la jeunesse, à mon avis, elles avaient tort
Les joyeux malfrats, quand ils eurent fini d'vendanger
Nous dirent un gentil "au revoir", d'un coup d'matraque sur la poire
Sans avoir pigé, on s'est retrouvé tout rhabillé
À l'hôpital du quartier où un toubib s'est écrié

"À poil, tout l'monde à poil"
"Les petits, les grands, les bons, les méchants"
On a largué nos caleçons, nos fanfreluches en nylon
Nos frocs en accordéon, nos sandwiches au saucisson
Nos pistolets à bouchon et nos complexes bidon
Comme une bagnole qui perd ses boulons

Y a des jours maudits, vaut mieux faire comme le pâtissier
Qui s'les roule dans la farine, sans s'occuper d'la gamine
Je méditais ça, lorsque je reçus un faire-part
C'était mon ami Gaspard qui avait dévissé son billard
Le cimetière était bourré de corbillards à fleurs
Et nos voisins craignaient fort qu'on ne mélangeât nos morts
Quand soudain, on entendit ce cri repris en chœur
Par des nudistes en pleurs qui venaient enterrer un des leurs

"À poil, tout l'monde à poil"
"Les petits, les grands, les bons, les méchants"
On a largué nos caleçons, nos fanfreluches en nylon
Nos frocs en accordéon, nos sandwiches au saucisson

C'était vraiment du folklore de voir la tête des croque-morts
Qui pour une fois sincèrement faisaient une gueule d'enterrement
Vous auriez vu mon patron et mon avocat marron
Et mon pompiste mormon et la caissière du Gaumont
Et l'type qui vend du saumon et l'mec des contributions
Ta-ra-tan-tan-tan, ra-tan-tan, ta-ra-tan-tan



Credits
Writer(s): Pierre Perret
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