Chap. 3.1: Le Journal (Phoenix - Le Conte)

Tout est calme et sordide comme à l'accoutumée
Dans mon vaste domaine, dans ma maison hantée
Je me réveille à peine et me glisse au salon
J'entends dans le couloir mon fidèle compagnon
Il s'éclaircit la gorge et enfin il proclame
Comme chaque soir "Votre apéritif Madame!"
Sur le plateau d'argent près du verre carmin
Il y a,plié en deux,le journal du matin
Je lui fais signe d'entrer,le voilà qui s'avance
Il dépose le plateau dans une révérence
Quelle est ma surprise lorsque,en première page
Je reconnais alors d'un homme le visage!
Cette image me fait l'effet d'un électrochoc
Alors je me transforme,je deviens loufoque
George ne comprend pas car l'homme interviewé
Parle simplement de son si joli café
Il avait fermé pour cause de rénovations
Il réouvrait ce soir.Pourquoi cette réaction?
Moi qui vis depuis cinquante ans dans la lenteur
Me voilà qui explose face à ce déclencheur
J'ordonne alors à George, qui n'a rien vu venir
De préparer la Rolls "Il est temps de sortir!"
"Vraiment? Sortir? ... Madame en êtes-vous bien sûre?"
"Je ne te laisse pas le choix, prépare la voiture!"
Et George s'exécute, inquiet mais résigné
Il n'y a rien à faire, je suis déterminée
Maintenant j'échange ma robe fantomatique
Pour une tenue noire beaucoup plus excentrique
Je retrouve dans les objets abandonnés
Un rouge à lèvres vif, un crayon noir de j'ai
Me voilà fin prête, j'ai retrouvé mon charme
Je me dirige alors vers notre salle d'armes
Je sors des armoires plusieurs fois centenaires
Toutes les armes connues sauf l'arme nucléaire
Mais aucune épée, mitrailleuse, arbalète
N'arrive à la cheville du plan que j'ai en tête
Et si la vengeance est un plat qui se mange froid
Moi je le sers glacé, et une seule fois
Alors que dans le ciel s'élève la pleine lune
Je m'installe dans la Rolls et je monte le volume
La vieille radio hurle comme un loup
George l'ignore mais je me souviens de tout