Avenue Sergent Maginot

On aura passé chez toi des bouts de nuit
Sans jamais parler du beau temps ni de la pluie
On préférait causer du temps qui passe
Partager nos rêves ou nos angoisses
Du troisième étage sans ascenseur
Par la fenêtre on jetait nos petits malheurs
Une cigarette et une bonne mousse
Tu savais rendre l'existence plus douce
Dans ton appart' Avenue Sergent Maginot
Tu étais le roi de l'accueil
Il n'y avait jamais un ami de trop
Sur le vieux fauteuil
Je revois encore ton chien dormir à l'aise
En boule près de la lampe halogène
Et aussi ta vieille basse Ibanez
Qu'on imaginait un jour sur les plus grandes scènes
On sortait les djembés et les guitares
On tapait le bœuf
Et on se pieutait tard
On se voyait maintes fois par semaine
Sans lassitude ni la moindre rengaine
Dans ton appart' Avenue Sergent Maginot
Tu étais le roi de l'accueil
Il n'y avait jamais un ami de trop
Sur les coussins
Et le vieux fauteuil
Je me souviens accroché à ton mur
Du masque africain sur la tenture
L'odeur d'encens et de fumée
Tes étagères pleines de bandes dessinées
Qu'est ce qu'on aimait découvrir des musiques
Et avoir ensemble des débats politiques
On parlait souvent de l'amour aussi
En mettant tous nos sentiments sur le tapis
Dans ton appart' Avenue Sergent Maginot
Tu étais le roi de l'accueil
Il n'y avait jamais un ami de trop
Sur les coussins
La p'tite chauffeuse
Et le vieux fauteuil
Et comme un rite initiatique
En fin de soirée juste avant que l'on se quitte
Assis autour du cendrier
On se fumait toujours la clope de l'amitié
C'est tellement rare d'avoir eu l'avantage
De croiser de vrais amis parlant un même langage
Moi qui cultive un brin de nostalgie
De ces années crois-moi encore je me nourris
Dans ton appart' Avenue Sergent Maginot
Tu étais le roi de l'accueil
Il n'y avait jamais un ami de trop
Sur les coussins
La p'tite chauffeuse
Le bout d'canap'
Et le vieux fauteuil