ASSIETTE VIDE

Faut que croire que la musique rend beau
Je plais aux raclis qui voulaient pas de moi
Je peux les mener en bateau
Mais il faut que je me concentre

Les zéros sur les fiches de paye
C'est le fruit de mon labeur, de mon cassage de dos
1997 c'est un braquage de pro
J'avance, encore, un peu de lumière enfin
Il faisait noir sous le manteau
Y'a le Big qui m'appelle, faut qu'on trie des photos

Dans le RER D je rêve de ma vie
Je laisse pas des RP parler de ma zik'
7h du mat' entre les passants je navigue
Ma mère compte sur moi, je vais pas rapper toute ma vie

On se refait sur rien, c'est nous la banlieue
Mange du pain sur pain, mets de la poudre dans leurs yeux
J'ai fait du chemin depuis al'
Je vois la peur qui grandit tout au fond de leurs yeux

J'ai déjà passé le Réveillon à fixer mon assiette vide
Je peux encaisser les coups
Je peux affronter la mort
J'ai plein de raisons de m'empêcher de vivre

J'apprends de mes erreurs
Mais ça me resserre le cœur
De voir que ma petite sœur suit mes pas et fait les mêmes
Y'a 3 ans j'étais perdu, comme si ma vie n'était pas la mienne

Ma mère m'a dit d'écrire mon histoire
En musique, c'est bizarre
Pas sûr que ça dure c'est un art provisoire
J'ai connu les grandes études
J'abîme mon dos pour gagner mon pécule
Et mes forces se décuplent

Marée haute ou marée basse
J'avance contre le vent de la mer
Et je bouge sur la tête sur le bruit des vagues
Dans le bus, dans le trom, j'aligne les bars
Stud' a 8h comme un chef, ressors vers 16h si tu passes

Je mets que des vrais g's sur la prod
Découpe le sample il faut que ça cogne
Un peu trop vif pour vos soirées, je me sens très bien dans ma grotte
Vis dans ma tête tu serais déjà mort

Je fais briller tous mes loups, mes frères
On se verrait sur Cannes dans un fer
Pour l'instant je dors dans le RER
Ouais ouais je suis difficile à vivre
Longtemps que j'ai traversé la rive
Me donne pas ton dos, de base je voulais même pas te faire la bise

Al', ZOTI E SHTOFTË