Silence

Je sais pas comment commencer un album
Le son du BPM qui enterre mon acouphène
Oui je sais que t'écoutes pas souvent les paroles
Mais je te jure que, cette fois-ci, ça vaut la peine
Quand j'suis seul le soir, devant le miroir
J'ferme les yeux, je me vois faire des salles pleines
Est-ce que j'effraye l'espoir? J'essaye d'y croire
Mais même l'idée n'croit pas en elle
Pardon j'avoue que c'est wack je me suis pas présenté
Salut, je m'appelle Zach, enchanté
On est plusieurs dans ma tête, une symphonie dissonante
Ma psy a mené son enquête, son burn-out est imminent
Elle m'a dit: désolée les nouvelles sont désolantes
Tout reste emprisonné, tu es prisonnier depuis longtemps
Ouais... depuis que j'ai 6 ans en fait
J'arrive toujours à trouver une mauvaise raison pour m'en faire
Je me fais des films qui me figent en hypervigilance
C'est les mêmes qui défilent et s'effilent évidemment
Décidément pour vous c'est insignifiant
Mais, c'est ma tête qui décide et dessine mon évitement
Comme le Petit Prince, j'viens d'ailleurs
J'ai mon monde à part, sans toutes mes frayeurs
Les secondes s'égarent, mes doutes s'écœurent
C'est ce qui me sépare de ce qui me fait peur
Je suis le roi de ce monde paranoïaque
Isolé avec une fleur et ma prose (et ma prose)
Je me tiens debout sur la proue comme Jack
Je donnerais ma vie pour celle de ma rose
Il y a quelque chose en moi comme Venom
Que je cache sous mon sternum, que je crache dans cet album
Qui m'arrache mes consonnes, qui m'attache et me consomme
Qui m'entache, me menace et me chasse, mais me console
J'y trouve réconfort
Le paradoxe est grave, oui c'est crade, mais j'suis calme dans mon inconfort
Cerveau non-conforme
Quand l'équinoxe débarque, je me dégrade, je m'évade dans mes métaphores
Z.E téléphone maison
Quand mon OCD me fait perdre la raison
J'ai mon AD qui débarque par intrusion
J'rappe avec TD pour faire baisser la pression
Oui, le rap encadre mon hypocondrie
Je pense à tous ceux que ça concerne
C'est pas pour que ceux qui me connaissent me comprennent (Non)
Mais pour que les gens qui m'écoutent se sentent compris
As-tu déjà pleurer dans les bras de ta mère?
La suppliant de t'amener à l'hôpital
Pour qu'ils fassent couler les calmants dans tes veines
Le temps qu'ils trouvent ce qui n'est pas normal
Ou même juste vouloir te faire assommer
Pas pour perdre la vie, juste perdre connaissance
La seule façon de pas me laisser consumer
C'est de le mettre en mot, de le mettre en assonance
Ce que les gens lisent sur mon visage, c'est de l'insolence
De la prétention, de la nonchalance
Ce qui se passe dans ma tête, c'est de l'impuissance
Face à mes obsessions et leurs conséquences
Tanné de tout ravaler, on brise le silence
On vient tout rafaler, c'est une évidence
On va tout arracher, on fera pas la file
Mon nom s'écrit avec CH comme l'histoire de ma ville
Je tiens à dire à tous mes proches que je suis désolé (désolé)
Pour tout ce qu'ils ont appris dans ce texte
J'écris sans me censurer, c'est un essai routier
À quoi bon freiner dans un crash test?
Première mesure
Je peux même pas croire qu'on soit rendus
Je viens de m'échapper comme un détenu
Je me sens libre, mais je me sens perdu
J'me sens bien dans la solitude, mais j'ai souvent tendance à m'enfermer
J'ai souvent tendance à refouler ce que je sens
Jusqu'à me bloquer face à ceux qui sont là pour m'écouter
J'prends la musique comme un exutoire
Une place pour me ranger quand je sature
Une place pour m'évader, pour parler sans juger
Une place pour me permettre d'y croire quand c'est dur
Je l'aurais jamais fait sans lui (non)
Force tranquille sur la mélodie
La suite des choses, on la connait pas
Mais si ça marche pas, moi j'me tire une
Mais je vais me censurer, pour les protéger
Et comme d'habitude, moi je vais me la fermer
Donc je vais composer, jusqu'à m'épuiser
Faire pulser mon torse jusqu'à l'déchirer
Même quand j'écris pas, j'suis toujours en train d'écrire
Mes pensées les plus sombres que j'essaie de te décrire
Et j'écris chargé, c'est le meilleur remède pour guérir
Laissez-moi plonger dans mon délire (han)
Je suis comme le 5e épisode de la saga
Comme Mia qui revient magiquement du coma
Ça coule à flow partout dans mes veines
Plantez-moi une seringue dans le cœur pour que je m'éveille
Le fils de qui fait du rap maintenant
Sourire au visage, j'les envoie chier doucement
C'est plus qu'un album, c'est une question d'identité
De rêves, de rage, de faim, de destin qu'on essaie de s'imposer
J'ai déjà paniqué, je me suis pas limité
J'me suis rendu trop loin jusqu'à perdre c'que j'pouvais contrôler
Famille fragilisée, décomposée, recomposée, endommagée, abandonnée, pis effritée
Faut qu'je me calme, quand je pars
Réalises-tu que tu peux les blesser?
Devant les gens que j'aime, je me suis détesté
Donc je répercute c'que j'vis pour les perturber
Est-ce que mes métaphores peuvent faire disque d'or?
Sur des beaux accords, je te raconte mes torts
J'garde quand même espoir, quand tu t'évapores
Mais chacun de tes sorts me transpercent le corps
Qui viennent troubler mon ventre jusqu'à l'écumer
Qui viennent bouffer ma tête, jusqu'à l'obséder
J'y ai tellement cru que j'me suis oublié
(J'y ai tellement cru que je me suis oublié)
À force de penser qu'on peut se planter
Qu'on veut se panser, qu'on va se vider
Qu'on veut que vibrer, qu'on va se livrer
J'en tremble quand j'rap jusqu'à me faire suffoquer
À force de concorder avec les obsessifs
À force de forger des fous rires avec des pessimistes
À force de consoler mon désespoir, à force de me conforter dans l'exutoire
À force de me convaincre tous les soirs, je commence enfin à y croire
Dernières mesures
Mais c'est que le début de c'qu'on a construit
Je laisserai le silence inonder mon bruit
En m'laissant tomber comme une éclaircie
Et c'est normal si un jour je dérape
J'suis né le jour d'un attentat
Et j'repense à Oli qui me demande si j'rappe
Est-ce que c'est assez pour toi?