Dans le métro

Le voilà sur les genoux mendiant du bout des bras
Un sourire ou trois sous, de l'amour, un toit
Perdu dans sa misère, il ne parle plus
Quitté par la colère, sa haine s'est perdue

Son cœur à l'amertume d'une vie pleine de guerre
Qui doucement le consume jusqu'à le mettre sous terre
Sous terre ou sous un tas d'ordure ménagères
Que l'on emportera pas dans le luxe d'un cimetière

Parfois un voyageur à l'allure impeccable
Toise l'enfant d'malheur comme pour lui dit "dégage"
Il pense qu'il faudrait que cette race de rien
Soit réduite à néant pour dégager son chemin

Reviens, c'est un homme comme toi, alors
Reviens, donne-lui un semblant de vie, mais
Reviens, tu pourrais vivre à sa place, alors
Reviens, reviens, reviens

Celui-là chante faux le seul air qu'il connaît
Dans la rame d'un métro hiver comme été
Pour l'public, les badauds revenant de travailler
Aigris de leur boulot qui ne pensent qu'à rentrer

Sa vieille voix fatiguée fait deux fois son âge
Ses mains tentent de mimer l'histoire d'un partage
Auquel il ne croît plus, qui n'existe plus
Auquel il a cru et qu'il a perdu

À un mètre de lui un étudiant grande gueule
Parle fort et puis rie, se foutant bien d'sa gueule
Pour séduire une fille toute fraîche et jolie
Qu'on pourrait croire gentille mais qui rie autant qu'lui

Tais toi, c'est un homme comme toi, alors
Tais toi, donne lui une once de talent, mais
Tais toi, tu gueules plus faux que lui, alors
Tais toi

Et moi, je reste là, muet, les yeux baissés
Honteux de n'rien donner, honteux de n'pas parlé
J'aimerais crever ce mal en commençant par là
Hélas, je reste là, muet, les yeux baissés
Et mon regard se tourne vers les parois voûtées
Où pour un temps séjournent les grandes publicités
La vie y semble belle
Et tout le monde est beau
À quel monde dois-je croire?
Auquel vaut-il mieux croire?



Credits
Writer(s): Cédric Ermolieff, Christophe Bastien, Dreuf, Olivier Sulpice, Romain Sassigneux, Simon Mimoun, William Lovti
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