La foule (Live à l'Olympia 1958)

Je revois la ville en fête et en délire
Suffoquant sous le soleil et sous la joie
Et j'entends dans la musique les cris, les rires
Qui éclatent et rebondissent autour de moi

Et perdue parmi ces gens qui me bousculent
Étourdie, désemparée, je reste là
Quand soudain, je me retourne, il se recule
Et la foule vient me jeter entre ses bras

Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne écrasés l'un contre l'autre
Nous ne formons qu'un seul corps
Et le flot sans effort nous pousse, enchaînés l'un et l'autre
Et nous laisse tous deux épanouis, enivrés et heureux

Et trainés par la foule qui s'élance
Et qui danse une folle farandole
Nos deux mains restent soudées
Et parfois soulevés nos deux corps enlacés s'envolent
Et retombent tous deux épanouis, enivrés et heureux

Et la joie éclaboussée par son sourire
Me transperce et rejaillit au fond de moi
Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
Quand la foule vient l'arracher d'entre mes bras

Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne, nous éloigne l'un de l'autre
Je lutte et je me débats
Mais le son de ma voix s'étouffe dans les rires des autres
Et je crie de douleur, de fureur et de rage et je pleure

Et trainés par la foule qui s'élance et qui danse
Une folle farandole je suis emportée au loin
Et je crispe mes poings, maudissant la foule qui me vole
L'homme qu'elle m'avait donné que je n'ai jamais retrouvé



Credits
Writer(s): Enrique Dizeo, Angel Amato
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