Cyrano

Tout comme le lait de la chèvre, on y prend goût en y goûtant
Elle m'a laissé mordre à ses lèvres et j'ai pris goût à ses vingt ans
Quand j'ai cru très fort que sa couche accepterait bien mes trente ans
Plutôt que d'entrouvrir la bouche très fort elle a serré les dents

Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal
Quand on vous repousse, et qu'on se sent
Comme Cyrano, Cyrano, Cyrano
Laid au dehors, seul en dedans

Plus les saisons de vie s'entassent, plus on a le goût du printemps
Elle m'a laisser croire à ma chasse que j'avais trouvé le vent
Quand j'ai cru tenir sa jeunesse toute chaude au creux de mes bras
Je n'avais plus que ma tristesse et mes quarante ans derrière moi

Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal
Quand on vous repousse, et qu'on se sent
Comme Cyrano, Cyrano, Cyrano
Laid au dehors, triste en dedans

Mais le temps est fait de justice
Elle avait vieilli elle aussi
L'âge en devant des caprices
Elle m'avait trouvé rajeuni
Je n'avais plus l'âme à la chasse
Au lait de chèvre et au printemps
Je m'suis dit qu'à sa place
Je penserais en m'en allant

Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal
Quand on vous repousse et qu'on se sent
Comme Cyrano, Cyrano, Cyrano
Laid au dehors, vieux en dedans

J'avais trouvé femme moins fière, moins jeune, moins jolie et pourtant
Elle avait fermé les paupières bien plus que ne permet le vent
Elle rêvait d'être aimée de l'homme
Moins jeune et moins beau que j'étais
On était les vieux mais tout comme le soleil qui se couchait

Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal
Quand on est heureux et qu'on se sent
Comme Cyrano, Cyrano, Cyrano
Laid au dehors, beau en dedans

Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal
Quand on est heureux
Tu le sais bien
Cyrano, Cyrano, Cyrano
Quand le bonheur vient à la fin