J'apprends le métier

Excusez-moi, excusez-moi
Excusez-moi

Excusez-moi, j'ai dû sortir, pour aller gerber
J'ai eu une vision d'avenir et ça m'a plombé
Je m'suis vu, comment dire, merdeux et salarié
J'ai vu à quoi ma vie pourrait bien ressembler
J'ai vu le bureau d'un chef, la machine à café
Les réunions, les bénefs et l'air climatisé
Une vie sans relief, directement reliée
À la mort, enfin bref, une vie à gerber

Y avait plus lе héros de mes rêves dе gamin
"Adesias Benito, le chanteur écrivain"
Y avait plus qu'un blaireau sage au milieu des siens
Les collègues de bureau, j'ai gerbé comme un chien
Je vais cramer mon C.V. et garder que mes textes
Je vais signer d'un B, avec accent circonflexe
Des mots exacerbés, pour Léo, pour Alex
Le reste me fait gerber, je veux garder ce réflexe

J'ai franchement pas dans l'idée d'me rendre malade à crever
De m'retrouver à faire comme le padre, un métier que j'peux pas encadrer
J'envisage avec l'âge d'ouvrir la cage au passage
Au petit con pas sage qu'en fait, j'ai toujours été
Et sur lequel j'ai jamais eu le contrôle
Rien qu'à voir le boxon dans ma piaule

Dis Léo, je me demande si tu prends pas un risque
À m'aimer, à me défendre avant mon premier disque
Toi, tu me vois légende, c'est un peu optimiste
Chérie, si je me viande, j'ai peur que tu sois triste
Il se peut ma Léo que j'arrive à que dalle
Que je tombe K.O. sous les premières balles
Que tu tombes de haut sur ma pierre tombale
"Adesias Benito, mort trop tôt", l'idéal

Ce serait, tu t'en doutes, que mes mots touchent quelqu'un
À part toi qui m'écoutes et deux ou trois copains
Ce serait qu'on me goûte et puis qu'on m'aime bien
Rien que ça, et j'ajoute, qu'on me trouve beau, hein? Quoi

Je rêve un peu? Faut pas?
Et j'fais quoi à la place?
Je fais comme eux, c'est ça?
Une petite vie sans trace?
Mais je pourrais plus marcher droit
Ni te sourire en face
Léo, écoute-moi
Je sais ce qu'il faut que je fasse

J'ai franchement pas dans l'idée de me rendre malade à crever
De me retrouver à faire comme le padre, un métier que je peux pas encadrer
J'envisage avec l'âge d'ouvrir la cage au passage
Au petit con pas sage qu'en fait, j'ai toujours été

Y a dix mille kilos de pression sur mes petites épaules
Mais rien qu'un en moins, rien qu'un et ce serait pas drôle
Il m'a fallu du temps pour expliquer aux vieux
Qu'ils m'ont mis dans le sang de l'encre, et c'est tant mieux
Je peux plus vivre sans ou alors malheureux
Ils ont compris, maintenant faut que j'y arrive, nom de Dieu

Regardez bien, je deviens un putain de chanteur
Une saloperie d'écrivain et mon propre employeur
En baver? Faudra bien, mais ça me fait même pas peur
Moins que le quotidien qu'on me propose ailleurs
J'emmerde comme il se doit les donneurs de conseils
Du style "Petit, crois-moi, je suis un vieux de la vieille
Il faut faire ci, dire ça, si tu veux que ça paye"
Et je lève bien haut mon doigt, à tous ceux qui essayent

Et à ceux qu'essayeront de faire dévier ma route
J'écoute ni les cons ni les autres, dans le doute
Tout seul, c'est peut-être plus long
Mais je sais ce que ça coûte
Je sais ce que ça me coûte
Et c'est un chèque à mon nom

J'ai franchement pas dans l'idée de me rendre malade à crever
De me retrouver à faire comme le padre, un métier que je peux pas encadrer
J'envisage avec l'âge d'ouvrir la cage au passage
Au petit con pas sage qu'en fait, j'ai toujours été

On n'est pas si nombreux à avoir la gaule
On peut baiser la vie à tour de rôle

Je me défroque, en quelque sorte, devant des types qui m'écoutent à moitié
Petites chansons, petits concerts, petit à petit, j'apprends le métier



Credits
Writer(s): Benoit Doremus, Aymeric Westrich
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