Les histoires

Dis-moi grand-mère, s'il te plaît
Pourquoi la mer est salée
Autant que ta soupe au blé?
Tu vas voir, c'est tout bête
Mais finis ton assiette
C'est parce qu'un jour ton grand-père
La prenant pour la soupière
Y a renversé la salière
Sous les vagues on faisait la vaisselle
Et c'est ainsi que sont nés les arcs-en-sel

C'est des histoires à dormir dans le sable
Des berceuses, des légendes arabes
Des histoires de grand large et de villes
Des histoires longues comme un long fil

Pourquoi grand-mère, quand il pleut
À tout les coup on ne peut
Aller pêcher le thon bleu?
Une cuillère de soupe
Tu la bois, tu m'écoutes
C'est que, quand il pleut, petit
N'ayant pas de parapluie
Les poissons restent à l'abri
Loin des hameçons et des filets
Ils tricotent des chaussettes et des gilets

C'est des histoires à dormir dans le sable
Des berceuses, des légendes arabes
Des histoires de grand large et de villes
Des histoires longues comme un long fil

Pourquoi on dirait, mémé
Que la Méditerranée
C'est un jardin enfermé?
C'est parce que, reste à table
La mer est assemblable
Si elle grogne entre ses flancs
C'est pour empêcher le vent
De l'emporter en soufflant
Loin de l'eau au-delà de la dune
Qu'on la retrouve asséchée dessus la lune

C'est des histoires à dormir dans le sable
Des berceuses, des légendes arabes
Des histoires de grand large et de villes
Des histoires longues comme un long fil
Des histoires longues comme un long fil

Je t'ai lue
Je t'ai vue bien souvent sous tes draps
Comme un songe, un frisson
Blottie entre mes bras
Ô ma mer, mon berceau, l'écume de mes jours
J'éteins le corridor, la lampe de séjour
Je laisse ouvert le grand salon
Pour qu'il y entre tous les enfants
Que tu as gardés dans ton ventre
Les galets, les amants, les cris
Les paquebots, tous tes sourires
Et tout ce que tu as cru beau