Répondez-moi

Est-ce que toi aussi tu as cette impression étrange de frôler l'invisible
Que ton inexistence pour les autres est implicite
Est-ce que tu penses à t'sauver loin d'ici
Parce que personne ne te comprend même dans les choses les plus simplissimes
Est-ce que tu sens l'vide faire les cent pas autour de toi
Te dire que si t'es sensible, tu porteras une lourde croix
Est-ce que tu sais pourtant qu'ailleurs ce n'serait pas mieux
Parce que où qu'tu sois ou ailles, tes démons te rejoignent
Alors tu restes là, à compter les "peut-être"
À n'devenir finalement que l'ombre de c'que tu peux être
Alors tu passes ton temps à t'retenir
À partir tellement loin d'toi qu'tu n'sais plus comment y revenir

Hé, est-ce que j'suis seul dans c'cas
Pourquoi tous ces gens m'passent devant la gueule sans m'voir
Psst, hé, ho, hé, ici, il fait très sombre
Est-ce qu'il y a quelqu'un, si oui, qu'il me réponde
Hein, est-ce que j'suis seul dans c'cas
Vous gênez pas, dites-le moi, j'n'aurai pas peur dans c'noir
Non, j'ai cette aptitude à ne croiser que de pâles lueurs
Oui, j'ai l'habitude, mais dites-moi que j'suis pas l'seul
Dites-moi que j'suis pas l'seul, psst, est-ce qu'il y a quelqu'un
Répondez-moi

Psst, hé, est-ce que des fois tu sens qu'la violence te sert contre elle
Tu te regardes et te demandes à quoi ça sert qu'on t'aime
Est-ce que tu sais que tu arrêtes pas d'en décevoir
Mais qu'tu as donné tellement d'toi que tu n'es plus capable de recevoir
Est-ce que tu l'sens, cet abîme qui te sépare des autres
Cet épicentre émotionnel qui te déplace les côtes
Est-ce que tu subis ça, hein
Est-ce que tu sens ce quelque chose de plus dans c'monde pour lequel la science ne suffit pas
Est-ce que tu tentes de l'atteindre, est-ce que ça te défonce
De savoir dès l'départ qu'ici personne n'aura les bonnes réponses
Mais tu peux pas t'empêcher de perdre pied, non
Parce qu'au plus tu les repousses, au plus ces questions reviennent te chercher
T'est-il arrivé d'préméditer un meurtre
Et rien que d'y penser, en frissonner d'plaisir
Te sentir terrifié d'un cœur, qui t'fait mal tant il se serre quand il est rongé par le désir

Hé, est-ce que j'suis seul dans c'cas
Pourquoi tous ces gens m'passent devant la gueule sans m'voir
Psst, hé, ho, hé, ici, il fait très sombre
Est-ce qu'il y a quelqu'un, si oui, qu'il me réponde
Hein, est-ce que j'suis seul dans c'cas
Vous gênez pas, dites-le moi, j'n'aurai pas peur dans c'noir
Non, j'ai cette aptitude à ne croiser que de pâles lueurs
Oui, j'ai l'habitude, mais dites-moi que j'suis pas l'seul
Dites-moi que j'suis pas l'seul, psst, est-ce qu'il y a quelqu'un
Répondez-moi

Si quelqu'un m'entend qu'il me réponde tout de suite
Cette solitude me bousille, j'y croupis depuis 12 piges
Un tout petit signe, rien d'plus qu'un oubli
Un regard, une parole, un coup d'cil, ou même un soupir
Je n'demande pas grand-chose, juste de savoir
Juste que cette solitude s'arrête un jour de s'accroître
En attendant je m'plais à croire que l'on est tous les mêmes
Chacun ses plaies ouvertes mais on n'pense qu'à recoudre les siennes
Alors on s'isole, on se soigne du gros
Parce qu'on a peur de les rouvrir, on en parle plus trop
Alors on passe son temps à s'retenir
À partir tellement loin des autres qu'on n'sait plus comment y revenir

Non, je n'suis pas seul dans c'cas
Alors pourquoi est-ce qu'on s'passe devant la gueule sans s'voir
Pssst, hé, ho, hé, j'vous vois, même s'il fait très sombre
Alors pourquoi n'y a-t-il personne qui m'réponde
Non, tu n'es pas seul dans c'cas
Parle-moi, parle-lui, pourquoi tu gueules sans voix, hein
T'as cette aptitude à ne croiser que de pâles lueurs
T'en as l'habitude, oui, mais dis-toi que t'es pas l'seul
Dites-lui qu'il n'est pas l'seul
Psst, est-ce qu'il y a quelqu'un, répondez-moi