Les anges déchus, les gens déçus

Chaque coin de rue ça pue l'amertume
Ça vend la verdure, crois pas que l'amour a perduré
On pense qu'à faire du blé, avec la tête dure
On a tous fait nos preuves dans des quartiers sombres
On y passe les 4 saisons, ils ont fait des conneries
On a goumé nos reufs, faut pas que petit frère fume et boive
Rêve de salopes, insulte les femmes
En deux trois fréquentations, devienne le pire ennemi de l'état
Combien ont géré des fours? La juge tu la vois
Quand tes bâtiments t'ont joué des tours
Je sais que la galère ça pousse au vice, qu'on sera plus intelligents
Entre les cours et la rue, on est de vrais couteaux Suisses
J'ai trop entendu ces paroles, dans des halls avec les vitres pétées
Demande à C.Sen, je craque et je me répète comme un disque rayé
Traîner avec les même gars, parler de tout, de rien
Reporter les objectifs de la veille et dire qu'on gérera tout demain
Serrer les mêmes mains, croiser les même regards des reufrés qui descendent
Avec une barrette de 10 ou une canette de tise
Des packs de bière après la salle de sport
Des grecs à emporter, putain de quartier à tête de mort
Y'a le poto qu'on voit plus trop, sur son dos y'a des rumeurs
Des clans qui se forment, ça pue la pisse
Sur le banc: des gens qui dorment
Tu vois ton ex du collège, elle pense que t'as pas changé
Que t'es encore la proie de la BAC
Et tu la vois monter dans un BM d'un mec costard-cravatte
Ça vanne dans tous les sens, dire qu'elle t'avait fait cocu
Que t'avais pété les plombs, qu'y'avais traité sa mère d'grosse pute
Tu sors de 48 heures de gardav' c'est pas grave, hein
T'as jamais eu peur du placard, ni des bagarres, c'est ta life hein
Ça ressort tête haute, sans donner de nom
Au tieqs on a tous des blazes, sauf toi
Pareil, y'a rien qui te correspond
Ça rentre dormir quand nos mères se lèvent, faut cacher les yeux rouges
Complètement bourré, t'as réveillé ta soeur qui t'as dit "mais t'es chelou"
Hier t'as mis celle de ton père, mais tu veux juste entendre sa voix
Tu connaissais tous les papas qui partent et les baratineurs
Mais pas la souffrance d'un fils quand c'est le papa qui meurt
Le frigo vide, les lettres de pôle emploi, les demandes d'APL
Aucun moyen de trouver le sommeil, tu veux juste être bourré d'oseille
Malheureusement c'est pas le cas, ça pense aux flingues, aux braquages
A venger cette putain d'enfance dont tu parles pas
Y'a du shit, plus de cigarettes, l'épicier a fermé, c'est die
T'es en galère, pourtant dans des biz de cartouches d'Espagne

Et impossible de trouver le sommeil
Alors tu fais des pompes, des tractions, des abdos...
Impossible de trouver le sommeil
Impossible de trouver le sommeil
Tu regardes un film, t'arrives au générique...
Impossible de trouver le sommeil
Et au moment où tu t'y attends le moins, il t'tombe dessus
Et le lendemain mon frère, t'es reparti, ouais le l'lendemain...

Ça dépose des CV mais t'espères même plus qu'on te rappelles
Tu le fais pour ta conscience et puis éviter des galères
Avoir un peu de biff, bouger dans des rées-soi qui vendent du rêve
Pas l'choix, se détruire, se consumer
Ne plus apercevoir le temps qui passe
Étouffé dans la routine des week-ends
Rien que ça pause à baiser des fliquettes
Le vendredi tu vois des soss' partir à la Mosquée
Toi t'es de famille athée, comment y croire? On est si peu gâtés
On a grandi sans rien, on a perdu nos valeurs
Fini l'époque de La Haine, vendre des barrettes c'est de la merde
D'ailleurs on les a vu vendre la poisse, mais pas les regrets qui s'amènent
Des coups d'schlass, histoires de terrain, de meufs, de petits frères
Le quartier nous a soudés, on se le dira une fois au cimetière
Bouffés par les doutes, les problèmes d'apparence, les coups au cœur
Les mecs qui transpirent la jalousie pour des pompes à Foot Locker
Croiser les anciens chez le coiffeur, le fils des voisins à la Poste
Puis apprendre par son meilleur pote
Qu'aujourd'hui il est comme moi, ouais il est devenu rappeur

C'est pour les anges déchus, c'est pour les gens déçus
Ouais, ouais, chaque coin de rue ça pue l'amertume
Ça vend la verdure, crois pas que l'amour a perduré
On pense qu'à faire du blé avec le tête dure

Demain c'est loin, demain c'est mort, demain c'est affreux
Parce que j'ai des potes sur le terrain que la juge met hors-jeu
Demain c'est loin, demain c'est mort, demain c'est affreux
Parce que j'ai des potes sur le terrain que la juge met hors-jeu



Credits
Writer(s): Georges Edouard Nicolo, Jeremie Diabira
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