Le ciel est fermé

Fatigué des gens de la terre
Le Bon Dieu, qui est surmené
Réfléchit entre deux mystères
Et décida de démissionner

Il éteignit quelques étoiles
Ferma le ciel de haut en bas
Et d'un nuage, fit une voile
Qui prit le vent et qui l'emporta

Et voilà le soleil de travers
Tous les hommes qui marchent la tête en bas
Et la terre qui s'enroule à l'envers
Et la mer qui s'embête et s'en va
Mais les prières
Les prières continuent à monter
Car tous les hommes
Tous les hommes continuent à prier

Et c'est là qu'elles sont embêtées
Les prières qui n'ont rien demandé
Et c'est là qu'on les voit faire la queue
Les prières qui attendent le Bon Dieu

Alors, comme elles n'ont rien à faire les prières
Elles se font des confidences
Vous venez pourquoi, vous?
-Moi, je viens de la part d'un dénommé Roméo, et d'une certaine Juliette
- Qu'est-ce qu'on leur fait comme ennuis, sur cette terre?
On veut pas les laisser s'aimer tranquilles?
Pas commode d'arranger leur histoire et vous?
- Moi, pour un gars qu'a de gros ennuis avec son percepteur
Je vois d'ailleurs pas ce que je peux faire pour lui, enfin
- Et vous?
- Moi, secret professionnel
- Et vous, là-bas?
- Moi, hah, je viens de la part d'un fou
Enfin, d'un poète C'est la même chose
D'abord, ce qu'il demande avec la terre, c'est impossible!
Et puis, prêcher la bonté, ça fait démodé
- Racontez-nous, c'est peut-être drôle?
- Si vous voulez, de toutes façons, ça changera jamais rien, alors, voilà

Je sais bien que je vous dérange
Mais voilà: j'ai besoin de vous
S'il vous plaît, prêtez-moi des anges
Il en faudrait un petit peu partout
Pour le soleil un par personne
Et pour l'amour oh, s'il vous plaît
Tout plein d'amour aux mains des hommes
Pour qu'ils en fassent de grand bouquets

Et voilà le Bon Dieu revenu
Le tonnerre a perdu son emploi
Le soleil est passé par-dessus
Et voilà que la terre marche droit
Ouvre les portes
Que l'on porte
Le soleil dans les blés
Que la terre
Toute la terre
Tourne enfin sans trembler
Et l'amour a poussé dans les champs
Et les hommes le cueillaient en chantant
Les amants ne mourraient plus jamais
C'est pour ça que tout le monde s'aimait

Quel dommage pour les filles, les garçons
Que tout ça ne soit qu'une chanson



Credits
Writer(s): Marguerite Monnot, Henri Alexandre Contet
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