Le Bulletin De Santé - Version 2011

J'ai perdu mes bajoues j'ai perdu ma bedaine
Et ce d'une façon si nette si soudaine
Qu'on me suppose un mal qui ne pardonne pas
Qui se rit d'Esculape et le laisse baba

Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette
Durant les moments creux dans certaines gazettes
Systématiquement les nécrologues jouent
À me mettre au linceul sous des feuilles de chou

Or lassé de servir de tête de massacre
Des contes à mourir debout qu'on me consacre
Moi qui me porte bien qui respire la santé
Je m'avance et je crie toute la vérité

Toute la vérité messieurs je vous la livre
Si j'ai quitté les rangs des plus de deux cents livres
C'est la faute à Mimi à Lisette à Ninon
Et bien d'autres j'ai pas la mémoire des noms

Si j'ai trahi les gros les joufflus les obèses
C'est que je baise que je baise que je baise
Comme un bouc un bélier une bête une brute
Je suis hanté le rut le rut le rut le rut

Qu'on me comprenne bien j'ai l'âme du satyre
Et son comportement mais ça ne veut point dire
Que j'en aie le talent le génie loin s'en faut
Pas une seule encore ne m'a crié bravo

Entre autres fines fleurs je compte sur ma liste
Rose un bon nombre de femmes de journalistes
Qui me pensant fichu mettent toute leur foi
A m'donner du bonheur une dernière fois

C'est beau c'est généreux c'est grand c'est magnifique
Et dans les positions les plus pornographiques
Je leur rends les honneurs à fesses rabattues
Sur des tas de brouillons des paquets d'invendus

Et voilà ce qui fait que quand vos légitimes
Montrent leurs fesses au peuple ainsi qu'à vos intimes
On peut souvent y lire imprimés à l'envers
Les échos les petits potins les faits divers

Et si vous entendez sourdre à travers les plinthes
Du boudoir de ces dames des râles et des plaintes
Ne dites pas c'est tonton Georges qui expire
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent

Et si vous entendez crier comme en quatorze
Debout debout les morts ne bombez pas le torse
C'est l'épouse exaltée d'un rédacteur en chef
Qui m'incite à monter à l'assaut derechef

Certes il m'arrive bien revers de la médaille
De laisser quelquefois des plumes à la bataille
Hippocrate dit oui c'est des crêtes de coqs
Et Gallien répond non c'est des gonocoques

Tous les deux ont raison Vénus parfois vous donne
De méchants coups de pied qu'un bon chrétien pardonne
Car s'ils causent du tort aux attributs virils
Ils mettent rarement l'existence en péril

Eh bien oui j'ai tout ça rançon de mes fredaines
La barque pour Cythère est mise en quarantaine
Mais je n'ai pas encore non non non trois fois non
Ce mal mystérieux dont on cache le nom

Si j'ai trahi les gros les joufflus les obèses
C'est que je baise que je baise que je baise
Comme un bouc un bélier une bête une brute
Je suis hanté le rut le rut le rut le rut



Credits
Writer(s): Georges Charles Brassens
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