Les assoiffés

On se soucie guère de sa santé sauf s'il s'agit de se la souhaiter
On s'fout des guerres, des affamés
Nous, on trinque pour les assoiffés

Cette ciguë qui nous ensorcèle, qui nous envoie au 7ᵉ ciel
Ça fait depuis ce matin qu'on l'attend
Comme on ne peut s'envoler sans ailes
On va s'en boire une en passant

C'est elle qui viendra susurrer, à nos soucis de nous laisser
Pour un court sursis d'insouciance, succincte sieste de nos cinq sens

Pour un court-circuit en un sens, comme un entracte teint la séance
Juste pour se redonner confiance
La vie en rose, ça s'arrose, ça valait bien le prix d'une cirrhose

Ça commence souvent par un rouge, un blanc noyé par un rosé
Et ça finit par un nez rouge et une soirée bien arrosée
Le regard dans le vide, le verre vidé
Sans guère de suites dans les idées
Nos souvenirs sont effacés, nos espoirs semblent dépassés
Et notre avenir, c'est du passé

C'était si bon, mais, cependant, c'est sans compter le jour suivant
En se levant au p'tit matin, quand la réalité survient
Nous dire que ce jus si divin, n'a su extirper nos chagrins
Ouais, s'il a pu les estomper
Ouais, s'il a su les estomper, ce ne fut que l'instant d'une soirée

Puis peu à peu nous, on perd pied, y a plus personne pour nous relever
Personne pour nous aider pourtant, des potes, j'en avais plein avant
Peut-être qu'ils sont partis pisser
Ou alors, peut-être bien que j'en ai plus
M'ont laissé par terre sur le pavé
Ou peut-être bien que je n'en ai jamais eu
De toute façon, je m'en souviens plus
Ils m'avaient pourtant bien prévenu
Mais notre amitié, ouais, je l'ai bu
On s'fout des guerres, des affamés
Nous, on trinque pour les assoiffés

On s'fout des guerres, des affamés
Nous, on trinque pour les assoiffés
On s'fout des guerres, des affamés
Nous, on trinque pour les assoiffés