L'épouse d'un grand homme

J'aurais voulu être
L'épouse d'un grand homme
La femme du paraître
L'objet d'un décorum

Le sourire à la bouche
Et l'oeil de velours
Jouer la sainte nitouche
Mais provoquer l'amour

J'aurais voulu être
Le fantasme de ceux
Qui convoitent mon maître
Pour m'approcher un peu

Celle qu'on ambitionne
De s'offrir en passade
Derrière les colonnes
Au coeur d'une ambassade

L'élégance gracile
Qui comblerait d'audace
Le moindre baise-en-ville
Et l'hôtel de passe

Pour l'homme et son épouse
N'être qu'une obsession
La suspicion jalouse
Et l'orgueil félon

Et regarder de haut
Ceux qui guignent mes bas
Voulant croire au cadeau
D'un possible repas

Ah, j'aurais bien voulu
Au sein de l'assistance
Jeter mon dévolu
Sur un sans importance

Et le faire mariner
Dans son rôle d'élu
Le laisser s'approcher
Chaque soir un peu plus

Affûtant ses ergots
Et crânant comme un mâle
Dédaignant les ragots
Sûr d'atteindre son Graal

Tout beau, tout chaud, tout con
Qu'il ose enfin sa chance
Lui répondre "Pardon
Mais quelle est cette offense?"

Et le voir s'enfuir
Au milieu du sérail
D'où fuseraient les rires
De la noble volaille

Une vraie pute en somme
Seule reine du jeu
Qui fait baver les hommes
Mais se refuse à eux

Une authentique garce
Qui s'offre à loisir
Le dindon et la farce
Comme autant de plaisirs

J'aurais voulu être
L'épouse d'un grand homme
La femme du paraître
L'objet d'un décorum

Le sourire à la bouche
Et l'oeil de velours
Jouer la sainte nitouche
Mais provoquer l'amour

Ouais, provoquer l'amour
Ah, provoquer l'amour



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