Comme disait ma tante Huguette

Je me suis levé de bonne humeur
Et puis en prenant mon café
J'ai écouté pendant une heure
Un Monsieur qui avait tout fait

Je me suis intéressé à lui
Tout en me creusant la cervelle
Pour rebondir sur son récit
En faisant des parallèles

Et j'ai trouvé un point commun
Entre ses idées et les miennes
Un moyen de faire le lien
Sans pour autant lui dire Amen

Mais chacune de mes phrase
Le brave homme l'a ignorée
Glissant dessus comme on écrase
Des pâquerettes dans un pré

Comme disait ma tante Huguette
C'est pas la peine de s'énerver
Quand on est face à une brouette
Il suffit juste de la pousser

Et j'ai gardé ma bonne humeur
Jusqu'à l'heure du déjeuner
Mais commencé à prendre peur
Quand nous sommes tombés nez-à-nez

Je me suis entendu dire
Quand il s'est mis à mes côtés
"Oh mais bien sûr, avec plaisir"
Tout en pensant "ah! je suis fait"

De l'entrée jusqu'au gratin
Je me suis donné de la peine
Pour encaisser d'un air serein
Cette logorrhée méridienne

C'est devant ma tarte aux pruneaux
Que j'ai eu envie d'exister
J'ai osé un tout petit mot
Je crois qu'il n'a rien remarqué

Comme disait ma tante Huguette
C'est pas la peine de s'énerver
Quand on est face à une brouette
Il suffit juste de la pousser

Il pourrait lire dans mon regard
Que je ne suis plus intéressé
Moi qui petit étais bavard
Y'a que ça qui m'a sauvé

Et j'ai gardé ma bonne humeur
Tout en me jurant désormais
De ne plus refaire l'erreur
De me laisser accaparer

Mais que c'est dur de l'éviter
Il me prend toujours pour sa cible
Alors j'apprends à m'évader
Grâce à quelques pensées paisibles

Surtout je plains sa pauvre femme
Qui sans doute hoche la tête
Depuis 25 ans, c'est son drame
Et je pense à ma tante Huguette

Qui me disait ces mots tout bêtes
C'est pas la peine de s'énerver
Quand on est face à une brouette
Il suffit juste de la pousser
Il suffit juste de la pousser