17h27

Quand t'étais petit tu jouais aux mécanos
Peut-être, tu les envoyais paître
Quand t'étais petit tu foutais tout par terre
Puis t'as grandi, t'as joué du piano
Peut-être, tu as voulu t'y mettre
Mais ça aussi tu l'as foutu en l'air
C'est ça ta vie, recommencer à zéro chaque lettre de chaque mot
De chaque phrase que tu ne trouves pas parfaite
Comme un gâchis, un brouillon que l'on déchiquette
Dans une rage muette
Et puis qu'on jette au fond d'un puits

À 17h27 tu as décidé
Qu'il fallait que tu te jettes sous la rame bondée

A cent à l'heure tu repasses tes erreurs tes dettes
Les espoirs qui désertent
Et les rancœurs, les malheurs et les pertes
Tu meurs de peur, t'hésites encore peut-être
Et au fond tu espères
Que ta pâleur déclenchera une alerte
Tu es seul au monde, tu n'appelles personne à l'aide
Tu ne vois aucun remède
Aucune issue que celle d'une corde raide
Ou que ces rails qui te donnent des sueurs froides
Depuis bientôt une heure
Que tu les regardes en attendant ton heure

17h27 où tu as décidé
Qu'il fallait que tu te jettes sous la rame bondée

Je te connais pas, je ne t'ai pas vraiment vu
Seulement cette couverture dorée
Qu'ont mise sur toi ceux qui n'ont pas pu te sauver
Est-ce vraiment là, est-ce comme un martyr
Devant témoins que tu voulais finir
Je te connais pas, je ne pourrais pas le dire
Mais tes parents, les amis que tu as laissés
Le conducteur choqué
Et même moi qui aurais peut-être pu te parler
A chaque fois que nous passerons sur ce quai
Nous verrons défiler
Ce souvenir que tu nous as laissé

À 17h27 quand tu as décidé
Qu'il fallait que tu te jettes sous la rame bondée