Passant
Il était arrivé dans ce village un peu par hasard
Il cherchait le désert, la vérité, et peut-être une gare
Il faisait nuit quand il s'est enfin installé
Dans sa case, il n'y avait rien, ni porte ni volet
Il entendait le vent l'enveloppant de sa chaleur
Il n'avait pu dormir, noyé dans sa sueur
Les hommes s'étaient levés aux rayons du matin
Il chercha, il entendait des voix, il ne voyait rien
Il marchait dans les rues, entre les cases et le puits
Il voyait le désert immense s'ouvrir devant lui
Il avait chaud, et mille questions emportaient ses pensées
Est-ce le hasard qui l'avait mené ici, seul, perdu, abimé?
Un village d'anonymes traversé de silhouettes le jour et la nuit
Elles passent comme des ombres, ou comme des esprits
On dirait qu'ici les femmes et les hommes ont choisi de voler
Les pieds blessés de servir et d'aimer cette terre asséchée
Il avait remarqué ce vieil homme assis au soleil, comme emprisonné
Le matin, il l'avait observé marcher, alerte, avec grâce et légèreté
Il était assis seul, comme un maitre, parlant à des élèves absents
Il ne disait rien, seul et inspiré, il était du désert, protégé du temps.
Le visiteur s'est approché du vieil homme
Ignoré de ses semblables, comme un hors-la-loi
Il lui demanda la permission de s'asseoir
De l'écouter, d'apprendre, et de suivre sa Voie
Un sourire dessinait les rides de son visage
Ses yeux étaient doux, son regard pur
Il semblait léger comme son verbe était lourd
il paraissait si bon, il semblait si dur
Vivre c'est donner, répétait-il, et ses mots avaient une couleur et un poids
Ami, prends deux choses ici-bas: prends ton temps, et prends soin de toi
Donne, et donne encore, à toi, à la Nature, aux Hommes, à la Vie
Sois étranger ici-bas, et va, passe comme un étranger ou un passant qui prie
Il avait tant de peurs, tant de questions
Tant d'espérances, il resta assis à l'écouter
Trois jours durant, le vieil homme se tut
Il semblait ailleurs, il semblait l'ignorer
Au cœur de la nuit il l'entendit soudain
lui murmurer ces mots aux portes de la voie
Il parlait lentement et mesurait ses mots
Et les cœurs s'ouvraient dans l'écho de sa voix
Ne prends de personne et apprends de tous
Et surtout du silence qui dit tout de toi
Le vieux s'en alla et ne réapparut que trois jours plus tard
Il était là et l'attendait sans mot
Le sage s'assit à sa gauche, pour qu'il fut à sa droite
Il prit sa main et la plongea dans l'eau
Sens, aspirant, le sens de tes sens
Cette eau est la source, la beauté, l'ordre, la Création
Ils détruisent la Nature, l'ignorent et la salissent
Sens, car il n'est pas de Voie si tu nies ce don
Écoute! Apprends la solitude, parle aux arbres
Aux étoiles, à ton cœur, et aux vents!
Apprends l'exil, voyage tout en restant
Sois présent, sois absent, cherche, va et apprends!
Souris aux Hommes, à tous, aux femmes, aux pauvres, aux enfants, aux exclus
Que ton cœur soit la demeure de tous les misérables
Des condamnés, et des perdus
Vivre c'est donner, répétait-il, et ses mots avaient une couleur et un poids
Ami, prends deux choses ici-bas: prends ton temps, et prends soin de toi
Donne, et donne encore, à toi, à la Nature, aux Hommes, à la Vie
Sois étranger ici-bas, et va
Passe comme un étranger ou un passant qui prie
Le vieux le regarda soudain avec des
Yeux perçants comme s'il devinait une peur inavouée
Suivre la voie c'est se libérer, de soi
De ses peurs, de ses lâchetés, des fausses amitiés
Lève-toi, aie le courage de penser
Parle si tes mots apportent au monde justice et vérité
Sinon tais-toi, continue à chercher
Apprends à te connaître, apprends la paix et la liberté
Sur ta route, tu rencontreras des egos et des égoïsmes
Des perdus éclatés dans le bruit
Tu croiras trouver le sens, des riches, des enivrés
Tu seras déjà mort en te croyant en vie
Il faut t'exiler, aspirant, il est une île que tu as fait désert
Reviens à ton cœur, ici est ta terre
Respire, épouse le rythme de tes soupirs
Tu ne sauras la paix si ton être est en guerre
Un matin le vieil homme était assis et pleurait
C'était la première fois qu'il voyait ses larmes
Il s'approcha, ne dit rien, et s'assit
Il voulait s'initier, savoir les réponses et les armes
Le vieux semblait parti déjà et
Il lui semblait qu'il allait prononcer ses dernières paroles
La mort rôdait ou la séparation
Il fallait se quitter, et sur la Voie, vivre et marcher seul
Il lui prit la main, à travers ses larmes son sourire revint
Ses rides, sa douceur et sa lumière
Observe le soleil, ne néglige pas la lune
Sers les hommes, et cherche le savoir partout sur la terre
La Voie est amour, respecte ton cœur autant que la Nature
Aime les pauvres, évite les rois
Apprends le courage et la justice
Refuse la prison des lâches que les lâches ne voient pas
Il le regarda une dernière fois
La lumière du soleil éclairait son visage, devenu enfantin
Un jour il faut partir, dire à ceux qu'on aime qu'on les aime
Que toute chose a une fin
Un jour, et c'est le jour
La solitude ce n'est pas d'être seul et l'ami n'est pas toujours présent
Deux cœurs se quittent, deux lumières se séparent
et leur amour demeure au-delà du temps
Il enfouit une graine sous la terre, versa de l'eau
Il prit sa main et la posa sur le sol humide
Si tu vois venir la mort
Donne une dernière fois la vie à cette terre, et pars les mains vides
Sans dettes. Dis à Dieu ce que les Hommes n'ont
Pas su entendre et pleure s'il faut pleurer
Vis comme tu partiras, pars comme tu as vécu
Pars en saluant, en aimant, sans animosité
Vivre c'est donner, répétait-il, et ses mots avaient une couleur et un poids
Ami, prends deux choses ici-bas: prends ton temps, et prends soin de toi
Donne, et donne encore, à toi, à la Nature, aux Hommes, à la Vie
Sois étranger ici-bas, et va, passe comme un étranger ou un passant qui prie
Le vieux était loin déjà quand il sortit de sa méditation
Il n'avait rien vu, plongé au cœur du Cosmos et de la Création
La graine dans la terre était donc cette graine dans son cœur
Et cette eau était l'amour, la Voie, et la foi sans la peur
Il était prêt, sans hasard
Il fallait aller, tôt ou tard
Vivre c'est donner, murmura-t-il, sur la Voie des mystiques labeurs
Prends ton temps, prends soin de toi, prends soin de ton cœur
Donne, et donne encore, à l'Un, au Tout, aux Hommes et à la Vie
Sois ici-bas comme un étranger, et passe, passe, comme un passant qui prie
Il cherchait le désert, la vérité, et peut-être une gare
Il faisait nuit quand il s'est enfin installé
Dans sa case, il n'y avait rien, ni porte ni volet
Il entendait le vent l'enveloppant de sa chaleur
Il n'avait pu dormir, noyé dans sa sueur
Les hommes s'étaient levés aux rayons du matin
Il chercha, il entendait des voix, il ne voyait rien
Il marchait dans les rues, entre les cases et le puits
Il voyait le désert immense s'ouvrir devant lui
Il avait chaud, et mille questions emportaient ses pensées
Est-ce le hasard qui l'avait mené ici, seul, perdu, abimé?
Un village d'anonymes traversé de silhouettes le jour et la nuit
Elles passent comme des ombres, ou comme des esprits
On dirait qu'ici les femmes et les hommes ont choisi de voler
Les pieds blessés de servir et d'aimer cette terre asséchée
Il avait remarqué ce vieil homme assis au soleil, comme emprisonné
Le matin, il l'avait observé marcher, alerte, avec grâce et légèreté
Il était assis seul, comme un maitre, parlant à des élèves absents
Il ne disait rien, seul et inspiré, il était du désert, protégé du temps.
Le visiteur s'est approché du vieil homme
Ignoré de ses semblables, comme un hors-la-loi
Il lui demanda la permission de s'asseoir
De l'écouter, d'apprendre, et de suivre sa Voie
Un sourire dessinait les rides de son visage
Ses yeux étaient doux, son regard pur
Il semblait léger comme son verbe était lourd
il paraissait si bon, il semblait si dur
Vivre c'est donner, répétait-il, et ses mots avaient une couleur et un poids
Ami, prends deux choses ici-bas: prends ton temps, et prends soin de toi
Donne, et donne encore, à toi, à la Nature, aux Hommes, à la Vie
Sois étranger ici-bas, et va, passe comme un étranger ou un passant qui prie
Il avait tant de peurs, tant de questions
Tant d'espérances, il resta assis à l'écouter
Trois jours durant, le vieil homme se tut
Il semblait ailleurs, il semblait l'ignorer
Au cœur de la nuit il l'entendit soudain
lui murmurer ces mots aux portes de la voie
Il parlait lentement et mesurait ses mots
Et les cœurs s'ouvraient dans l'écho de sa voix
Ne prends de personne et apprends de tous
Et surtout du silence qui dit tout de toi
Le vieux s'en alla et ne réapparut que trois jours plus tard
Il était là et l'attendait sans mot
Le sage s'assit à sa gauche, pour qu'il fut à sa droite
Il prit sa main et la plongea dans l'eau
Sens, aspirant, le sens de tes sens
Cette eau est la source, la beauté, l'ordre, la Création
Ils détruisent la Nature, l'ignorent et la salissent
Sens, car il n'est pas de Voie si tu nies ce don
Écoute! Apprends la solitude, parle aux arbres
Aux étoiles, à ton cœur, et aux vents!
Apprends l'exil, voyage tout en restant
Sois présent, sois absent, cherche, va et apprends!
Souris aux Hommes, à tous, aux femmes, aux pauvres, aux enfants, aux exclus
Que ton cœur soit la demeure de tous les misérables
Des condamnés, et des perdus
Vivre c'est donner, répétait-il, et ses mots avaient une couleur et un poids
Ami, prends deux choses ici-bas: prends ton temps, et prends soin de toi
Donne, et donne encore, à toi, à la Nature, aux Hommes, à la Vie
Sois étranger ici-bas, et va
Passe comme un étranger ou un passant qui prie
Le vieux le regarda soudain avec des
Yeux perçants comme s'il devinait une peur inavouée
Suivre la voie c'est se libérer, de soi
De ses peurs, de ses lâchetés, des fausses amitiés
Lève-toi, aie le courage de penser
Parle si tes mots apportent au monde justice et vérité
Sinon tais-toi, continue à chercher
Apprends à te connaître, apprends la paix et la liberté
Sur ta route, tu rencontreras des egos et des égoïsmes
Des perdus éclatés dans le bruit
Tu croiras trouver le sens, des riches, des enivrés
Tu seras déjà mort en te croyant en vie
Il faut t'exiler, aspirant, il est une île que tu as fait désert
Reviens à ton cœur, ici est ta terre
Respire, épouse le rythme de tes soupirs
Tu ne sauras la paix si ton être est en guerre
Un matin le vieil homme était assis et pleurait
C'était la première fois qu'il voyait ses larmes
Il s'approcha, ne dit rien, et s'assit
Il voulait s'initier, savoir les réponses et les armes
Le vieux semblait parti déjà et
Il lui semblait qu'il allait prononcer ses dernières paroles
La mort rôdait ou la séparation
Il fallait se quitter, et sur la Voie, vivre et marcher seul
Il lui prit la main, à travers ses larmes son sourire revint
Ses rides, sa douceur et sa lumière
Observe le soleil, ne néglige pas la lune
Sers les hommes, et cherche le savoir partout sur la terre
La Voie est amour, respecte ton cœur autant que la Nature
Aime les pauvres, évite les rois
Apprends le courage et la justice
Refuse la prison des lâches que les lâches ne voient pas
Il le regarda une dernière fois
La lumière du soleil éclairait son visage, devenu enfantin
Un jour il faut partir, dire à ceux qu'on aime qu'on les aime
Que toute chose a une fin
Un jour, et c'est le jour
La solitude ce n'est pas d'être seul et l'ami n'est pas toujours présent
Deux cœurs se quittent, deux lumières se séparent
et leur amour demeure au-delà du temps
Il enfouit une graine sous la terre, versa de l'eau
Il prit sa main et la posa sur le sol humide
Si tu vois venir la mort
Donne une dernière fois la vie à cette terre, et pars les mains vides
Sans dettes. Dis à Dieu ce que les Hommes n'ont
Pas su entendre et pleure s'il faut pleurer
Vis comme tu partiras, pars comme tu as vécu
Pars en saluant, en aimant, sans animosité
Vivre c'est donner, répétait-il, et ses mots avaient une couleur et un poids
Ami, prends deux choses ici-bas: prends ton temps, et prends soin de toi
Donne, et donne encore, à toi, à la Nature, aux Hommes, à la Vie
Sois étranger ici-bas, et va, passe comme un étranger ou un passant qui prie
Le vieux était loin déjà quand il sortit de sa méditation
Il n'avait rien vu, plongé au cœur du Cosmos et de la Création
La graine dans la terre était donc cette graine dans son cœur
Et cette eau était l'amour, la Voie, et la foi sans la peur
Il était prêt, sans hasard
Il fallait aller, tôt ou tard
Vivre c'est donner, murmura-t-il, sur la Voie des mystiques labeurs
Prends ton temps, prends soin de toi, prends soin de ton cœur
Donne, et donne encore, à l'Un, au Tout, aux Hommes et à la Vie
Sois ici-bas comme un étranger, et passe, passe, comme un passant qui prie
Credits
Writer(s): Tariq Ramadan
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