T'écrire

Ce soir la lune est gonflée
Comme prête pour un soupir
Dans sa quête de moitié
Elle semble avoir quelque chose à nous dire

J'ai le cœur un peu serré
Comme à chaque fois qu'elle inspire
Assieds-toi devant le chevalet
Ce soir j'ai envie de t'écrire

Difficile d'écrire des yeux
Par le noir de l'encre, l'éclat
En quelques lettres, décrire le feu
Quelques lettres ne suffisent pas

Deux billes intimidantes
Devant lesquelles le trac me prend, d'office
Deux perles dans une nuit béante
Qui m'observent amusées de l'exercice

Difficile d'écrire des courbes
Puissances de féminité
Où les démons les plus fourbes
Nous traînent par le bout du nez

D'un coup de plume flatteuse
Laissant courir la suite dans mes idées
Je les rendrai encore plus généreuses
Quand je les coucherai sur le papier

Difficile d'écrire un cœur
Même un qui en vaille la peine
Un cœur où l'on s'asservirait sans peur
Bercés par le chant des sirènes

J'irai jusqu'au bout si il faut que j'en trace
Le portrait d'un jardin infini
Pour qu'au moins dans les écrits
Je puisse y trouver une place

Difficile, d'écrire la porte
À travers laquelle tu t'évanouis
Le courant d'air, qui t'emporte
La voix qui vient signer mon élégie

Pour venir me rire que
Il serait sans doute plus sage
De ne plus vouloir jouer à ces jeux
Qui ne sont plus de mon âge

Je pourrai fêter ce soir
Toutes les facettes de la liberté
Quand brûleront tous mes espoirs
Avec ce petit bout de papier