Quand je toucherai le fond (feat. Anton Serra)

La bouche tellement pâteuse, un putain d'mollard à zéro
V'là l'fait de tomber d'assez haut, moi qui voulais un passé autre
Comment s'conjuguer au futur? Mon avenir, j'suis passé outre
Frustré comme un Nord-Coréen qui désire s'tirer à Séoul
Ça va être dur, très très dur, la vie a ses bas, a ses hauts
Torturé comme ça, putain, moi qui étais déjà assez ouf
Mon moral est passé où? Quand l'acier devient guimauve
Ébruite le raffut d'un silence quand une personne ne dit mot

La mollesse d'un long dimanche, sans ami, sans sentiment
Du gouffre à quelques centimètres, et un gros vide j'ai senti naître
Le cœur vacant, le ventre idem, c'était une soirée sans dîner
Un tantinet suicidaire comme l'indigent pour cantiner
Moments d'ivresse tout en finesse, le pack de 12 me prend d'vitesse
Les accidents peuvent s'éviter quand on est tous en mode Vittel
Résidus sur carte vitale, ma vie sur le fil d'l'opinel
Dur d'finir en quarantaine un peu avant la trente-huitaine

Ce matin-là, j'enfilerai ma plus jolie chemise
Déposerai mes espoirs au fond de la remise
Songerai à des toiles couleurs Henri Matisse
Comme jardin secret, un terrain vague que l'abandon ratisse
Quand je toucherai l'fond, sûr qu'j'y trouverai des runes
Laissant des luttes sans armes sous fond de Noir Béru'
J'embrasserai ma mère, écouterai du Granados
Regoûterai la mer, me noyant dans le Calvados

Ce matin-là, le soleil sera ma seule fortune
Quelques regrets en guise de seule torture
M'assiérai dans un bar en face d'un café noir
Gratterai un poème dans la pure veine de René Char
Repenserai à l'enfance et puis à l'amitié
Laissant chacun de mes foutus couplets sans héritier
Quand je toucherai le fond comme l'amour d'un soir
Ce sera beau comme la mort d'un roi

Je suis seul comme cette main qui tâtonne la drap dès le réveil (seul)
Puis s'évapore ce joli minois dont je rêvais (seul)
Tirer la gueule devant ce mug de kawa leche
Croise le postier qui, sans gêne, me demande si ça va
En rajoute une puis une tonne dans la boîte à soucis
Seul que le sel au fond d'mon caf' me radoucit
Si seul, au fond d'la gare, mon corps s'isole
Perdu au milieu de tous ces regards qui me cisaillent

Si seul que ma clé d'sol en oubliait l'arpège
La tej' d'une soirée kitch d'un ermite en Ardèche
La dech', à croire qu'j'suis seul sur ce sol glissant
Partir au taf dans un bleu d'travail sans adoucissant
Esseulé, l'eau salée perle au bout de mes cils
Mon idée fixe quittera tout domicile
Homicide sur soi-même (ainsi soit-il, amen)
Le malaise est plus profond, j'irai l'rejoindre quand j'toucherai l'fond

Il me suffira d'un rire pour déjouer mes peurs
Ma petite monnaie en guise de pourboire pour le passeur
Mes idées noires derrière un fond pluvieux
L'âme lourde permet de toucher le fond plus vite
Ce matin-là, j'aurai les poumons pleins
De l'eau du fleuve, ces salauds de vers ne m'auront pas
Et je flotterai dans les limbes au volant d'amarante
D'un petit jour où seules les âmes sont apparentes

Nous serons pleins, ce sera l'hiver aux bras gelés
Tous, on s'retrouvera au bar, s'jeter
Encore quelques verres avant de s'laisser là
C'est la tournée d'la Faucheuse, sa forme de mécénat
Ce matin-là, je manquerai à l'appel
Me disant tout bas qu'tout ça aura valu la peine
Puisque j'aurais vécu 20 siècles
Quand je toucherai l'fond, peut-être que j'écraserai un ciel

Quand je toucherai l'fond
Quand j'toucherai l'fond
Quand je toucherai l'fond
Quand j'toucherai l'fond



Credits
Writer(s): Ludovic Villard, Anthony Serra, Sylvain Fornengo
Lyrics powered by www.musixmatch.com

Link