Chapelle de Diogène

À l'aube de l'ébriété, mes mains se mettent à trembler
Comme victimes d'épiphanie, je connais mon épitaphe
Un hommage à l'éthanol qui déforme la psyché
Ci git l'amphore vide en unique cénotaphe

La pensée est macabre, mais elle amuse les pierres tombales
Qui s'imaginent voisine du vin quand jadis elles l'étaient du vent
Leur dicté est palabre et leur murmure mime la cabale
Qu'on pensait être contre la vie alors qu'elle l'est contre la viande

Nouvel arrivant dans cet immeuble de l'oublie
Les vivants morts sortent du ciel sans intention de m'accueillir
Le globe oculaire blanc à force de voir de l'abîme le roulis
Ils gobent les poussières du saint suaire dans l'idée de me nuire

La maison est close à tous les étages
Mais je suis ouvert à tous les états:
D'âme ou de fait, de droit ou même hors...

À l'aune de la vanité, je vois mon ombre vaciller
En pied de testament, j'ai apposé mon autographe
Un dommage de ma geôle qui m'a laissé intoxiqué
Jadis sobre, ores plus, rien ne peut étancher ma soif

Ma pensée est vacarme et singe les cymbales du bal
Que l'on ne visite pas vivant, forcément le corps est trop lent
Et la dictée des carmes, qui n'est ni murmure ni verbale
Je la pensais pigment de mort alors qu'elle n'en est que le liant

Mitoyen du vide il me vient déjà les fourmis
Il ne me reste de de ces vétustes fleurs que la nuit à cueillir
Enfin le jus du Graal m'embaume, m'étourdit d'un tournis
Tonneau ou caveau il m'est impossible de fuir

Les passions éclosent avant l'étêtage,
Mais je suis fermé à toutes les piétas:
De marbre, de grès, de chair ou même d'or...

Du berceau à la bière
Des langes au linceul
Du lait jusqu'au suaire
Des ovaires jusque-là, seul

De l'être à l'éther
Des cimes au cercueil
D'une préface placentaire
À la fin du recueil



Credits
Writer(s): Antoine Cantiny, Jean-baptiste Alfonsi
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